Dans la banlieue de Séville sont fabriqués par milliers les « faux vagins » de l’entreprise Fleshlight. Certains reproduisent les parties intimes d’actrices pornos reconnues, d’autres « masturbent de façon automatique » ou sont connectés pour permettre d’avoir un rapport sexuel avec son partenaire à distance. Pour le porte-parole espagnol de l’entreprise, il y a là, bien sûr, la promesse de réinventer le sexe du futur..
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Située à la sortie de Séville, la ville de Dos Hermanas est réputée très pieuse et, comme souvent en Andalousie, ses habitants organisent chaque année des défilés lors de la Semaine Sainte. C’est pourtant là que le numéro un mondial de la fabrication de sex-toys masculins a décidé d’implanter sa filiale européenne. Depuis 2010, l’entreprise Fleshlight a déjà embauché 32 employés espagnols, qui se rendent chaque jour dans la zone industrielle de la ville pour fabriquer une marchandise innovante qui se vend à plus d’un million et demi d’exemplaires.
Dans son bureau, situé à proximité de la chaîne de fabrication, Juan Ziena Cabezas, le directeur de la filiale espagnole, se montre tout sourire : il adore raconter l’histoire de Fleshlight, cette entreprise hors du commun qu’il a intégrée lors de son arrivée en Europe. Pourtant, c’est aux États-Unis que tout a commencé il y a plus de vingt ans : « Monsieur et Madame Shubin, les créateurs de Fleshlight, attendaient un enfant, mais les médecins leur ont rapidement annoncé qu’il s’agissait d’une grossesse à risque pendant laquelle les rapports sexuels étaient proscrits. » Cette nouvelle déplaît fortement à Steve Shubin, qui cherche alors un moyen d’assouvir ses besoins sexuels hors du lit conjugal. « Il était policier et utilisait ces grosses lanternes que portent les agents dans les films sur les scènes de crimes. Ça lui a donné une idée : il a conservé la coque de la lanterne et y a placé à l’intérieur une imitation des parties intimes féminines. Il pouvait ainsi l’utiliser pour se masturber en ayant des sensations similaires à celles que l’on ressent lors d’un rapport. »
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Une formule gardée secrète
C’est précisément la « partie interne » qui a fait tout le succès de l’entreprise : sa texture, dont la formule est gardée secrète, ressemble à s’y méprendre à de la peau humaine, ce qui décuplerait le plaisir des hommes qui l’utilisent. « Cette matière est fabriquée avec un mélange d’huiles minérales, de polymères et de colorants inoffensifs », assure Juan Ziena Cabezas sans en dire plus sur la composition. Plusieurs variantes existent : les articles qui se vendent le plus sont ceux en forme de vagin, mais on en trouve aussi qui ont l’apparence d’anus ou de bouches. « Et l’intérieur change aussi d’un sex-toy à l’autre : il y en a qui sont plutôt lisses, d’autres qui ont un aspect plus rugueux. » Aujourd’hui, Fleshlight développe même des coques différentes pour ses clients : si le produit-phare reste celui en forme de lanterne, on peut également acheter des sex-toys qui ont l’apparence d’une canette de bière. Mais à chaque fois, l’emballage ne doit pas suggérer ce qu’il renferme : « Dans le monde des jouets pour adultes, le maître-mot reste la discrétion », assure le responsable de la filiale espagnole.
Pendant des années, Fleshlight a surtout écoulé ses produits aux États-Unis, où l’entreprise n’a cessé de croître. Mais les commandes venues d’Europe sont arrivées progressivement et le couple d’entrepreneurs a donc décidé d’y ouvrir une filiale. « Ils avaient pensé aux pays de l’Est mais ont eu de mauvaises expériences là-bas. Tous deux adorent l’Espagne, le soleil, la culture locale… Ils ont une maison en Andalousie et quelques chevaux. C’est pour cela qu’ils ont décidé d’implanter leur seconde usine ici. » Tout comme la maison-mère, située à Austin, au Texas, la filiale sévillane fabrique exclusivement la matière interne. Les coques, elles, sont produites par un sous-traitant.
« On doit en produire 12 000 par jour »
Dans la salle de fabrication, Daniel s’affaire à côté d’un gros baril rempli d’un liquide rose qui ressemble à du chewing-gum fondu. « C’est la substance dont on se sert pour fabriquer les jouets. On l’insère dans des moules et on attend une dizaine de minutes. Puis on le récupère et on l’envoie chez nos collègues pour qu’il soit traité. On doit en produire 12 000 par jour », confie Juan Ziena Cabezas. Les 54 moules qui ornent la table de production n’ont pas tous la même apparence, et certains portent des prénoms féminins. « Ce sont les modèles Fleshlight Girls, précise Juan Ziena Cabezas. Ils reproduisent les parties intimes d’actrices pornos reconnues. »
Depuis maintenant plusieurs années, de nouvelles stars du X sont régulièrement associées au projet : elles touchent des royalties sur chaque « jouet » vendu à l’effigie de leur anatomie. « Certaines prennent cela plus à coeur que d’autres et font beaucoup de publicité : cela peut vite leur rapporter un revenu conséquent. » Ces articles ont beau coûter plus cher que les produits classiques de Fleshlight – il faut débourser 70 euros pour s’en offrir un – ils font malgré tout partie des plus vendus.
Sexe virtuel
L’entreprise n’enrichit pas seulement son catalogue en signant des contrats avec de nouvelles actrices. Elle s’est aussi attaquée à l’innovation technologique. De retour dans son bureau, Juan Ziena Cabezas pose fièrement sur la table un objet qu’on pourrait prendre, au premier regard, pour un mixeur. « C’est le Fleshlight Launch. On l’a lancé il y a un an et c’est un énorme succès. Il masturbe de façon automatique. » Pour le faire fonctionner, il suffit de placer au centre un jouet Fleshlight doté d’un faux vagin ou de n’importe quel autre orifice, puis de le placer sur son sexe et de le mettre en marche. « Il y a différentes vitesses et amplitudes qu’on peut contrôler avec le doigt », prend soin de préciser Juan Ziena Cabezas. Là encore, le directeur assure que l’expérience s’apparente fortement à un rapport sexuel, malgré son aspect automatisé.
« Plus besoin de mains, donc, pour se livrer à des plaisirs solitaires »
Le lancement de ce produit a marqué un tournant pour l’entreprise, qui s’est lancée alors dans une série d’innovations : « On a réussi à synchroniser le Fleshlight Launch avec des vidéos pornos. » Sur son écran, Juan Ziena Cabezas lance un film tourné à 360 degrés, dans lequel une fille dénudée apparaît au milieu d’un salon bien ordonné. La scène est vue depuis le canapé : « Avec des lunettes de réalité virtuelle, on a l’impression d’être assis et d’attendre l’actrice. » Celle-ci s’approche de la caméra et se lance dans des ébats bruyants avec un homme dont on aperçoit seulement les parties intimes. Connecté par Bluetooth, le Fleshlight Launch démarre aussitôt. Chaque mouvement de va-et-vient est reproduit par la machine de manière instantanée. « L’utilisateur n’a rien à faire, il ressent tous les mouvements de la fille à l’identique. » Plus besoin de mains, donc, pour se livrer à des plaisirs solitaires. Et pour que le client ne se lasse pas, Fleshlight propose une gamme variée de films spécialement décodés pour fonctionner avec ce dispositif : « Cela peut d’ailleurs fonctionner avec n’importe quelle vidéo porno, assure le responsable de la filiale espagnole. Il suffit de prendre la timeline et de la traduire en impulsions pour la relier au Fleshlight Launch. »
Une expérience similaire sera bientôt disponible sans film X : l’entreprise développe actuellement un autre projet en partenariat avec la société hollandaise Kiiroo, spécialisée dans les sex-toys connectés. « L’idée est de relier les jouets féminins et masculins : la fille se masturbe avec un godemichet doté de capteurs qui enregistrent ses mouvements. Ceux-ci sont traduits et transmis au Fleshlight Launch, même à très grande distance. Ça permet d’avoir un rapport sexuel avec son partenaire lorsqu’on est à distance. Et cela peut se faire en direct ou en différé. » Juan Ziena Cabezas en est convaincu : cet objet permettra de réinventer les rapports sexuels dans le futur.
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