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Le bondage est souvent associé aux pratiques sado-masochistes. Pourtant, le bondage japonais, ou shibari, semble posséder bien d’autres vertus.
Si la vision du film Cinquante Nuances de Grey vous a donné quelques idées, notamment l’envie de vous faire attacher par votre partenaire, vous serez peut-être intéressé par le shibari. Cette technique de bondage japonais est l’une des plus prisées, utilisant une cordelette de 6 à 8 millimètres pour entraver son partenaire en usant de figures géométriques précises.
Souvent associé au sado-masochisme, le bondage japonais offre surtout la possibilité à ses adeptes de développer leurs sens, et de voir le corps de l’autre sous un tout nouvel angle.
Qu’est ce que le Shibari ?
Le shibari (bondage) a été développé dès le XVème siècle par les Samouraïs
Ils ligotaient les malfaiteurs avec des cordes selon une technique très particulière. Les prisonniers étaient attachés différemment selon le type de délit commis. Les nœuds étaient différent selon le rang du prisonnier. Parfois le ligotage se faisait même sans nœuds. C’était tout un art. Le ligotage devait non seulement être effectué de manière à ne pas entraîner de dommages physiques mais devait également être esthétique. Cela sous-entendait de très bonnes connaissances de l’anatomie pour obtenir les effets souhaités, tels que la diminution de la force musculaire pour décourager le prisonnier de lutter. La technique était non seulement très raffinée mais allait très loin. Elle était notamment utilisée comme instrument de torture.
Quatre règles précises étaient imposées dans le shibari :
- le prisonnier ne devait pas pouvoir se détacher
- le ligotage ne devait entraîner ni dommage physique ni dommage mental
- la technique avec laquelle le prisonnier était attaché devait rester secrète
- Le ligotage devait être esthétique
Le shibari a disparu du Japon avec les samouraïs. Il sera remis en scène par des artistes japonais dans les années 70, dans une optique esthétique et érotique.
Depuis peu cet art est arrivé en occident. Le bondage était connu depuis longtemps dans les jeux érotiques. Puis, l’art japonais (shibari) a commencé à intéresser un large public, notamment pour son aspect technique très particulier. Actuellement il est considéré comme :
un art esthétique qui utilise le corps pour créer des figures ligotées habillement et harmonieusement.
un art acrobatique qui immobilise le corps, en lui enlevant son autonomie et en le positionnant habilement dans l’espace telle une figure acrobatique.
un art méditatif qui amène la personne, une fois le corps immobilisé et ligoté subtilement, à ressentir physiquement ses entraves corporelles comme des entraves psychiques, ne lui laissant que le choix de se laisser aller et de se détendre.
Le shibari ou bondage est actuellement à la mode. Il a ses détracteurs qui pensent que c’est un art dégradant, voire humiliant, surtout lorsqu’il a une connotation masochiste. Quant aux adeptes du shibari prônant un art ils y voient un art très esthétique et aussi une manière de se libérer psychiquement.
De la danse plutôt que de l’érotisme ?
Utilisé dans un cadre sensuel ou non, la shibari se définit plus comme un art situé entre la danse, le yoga et les arts martiaux que comme un jeu érotique en tant que tel. S’il est possible de l’étendre au cadre intime, il peut tout à fait se pratiquer avec un partenaire inconnu, à la seule condition du respect mutuel.
Si vous connaissiez l’art du bondage consistant à menotter le partenaire aux barreaux du lit, le shibari va plus loin, d’où sa connotation artistique. Grâce à ses techniques étudiées d’attachement avec des figures géométriques pré-établies, il permet au corps de prendre de la hauteur, au sens propre du terme.
En effet, certaines figures permettent de suspendre le partenaire, grâce à une poutre notamment, et de pouvoir admirer son corps sous tous les angles, en en contrôlant les mouvements. Bien évidemment, ce niveau de pratique ne s’acquiert pas du jour au lendemain. Il convient de prendre des cours, par exemple à la bien nommée Place des Cordes, à Paris ou Lyon, avec un professeur aguerri à cet art et qui saura vous mettre à l’aise face aux possibles réticences que vous pourriez avoir.
Des cordes pour ressentir les émotions
Les adeptes de shibari soulignent l’importance de la confiance entre les partenaires et la communication non verbale, par le biais des émotions qu’il permet d’établir. Celui qui attache « écoute » en effet son partenaire soumis, en suivant sa respiration et en restant attentif à ses réactions. Dans cette pratique, le soumis ne l’est pas vraiment puisqu’il peut décider quand bon lui semble d’arrêter ce moment, s’il sent trop de tension dans la corde par exemple.
Entre méditation et érotisme, il n’y a qu’un pas dans cette pratique ancestrale du shibari. Cet art, en plein essor dans la population générale, permet de se découvrir ou de redécouvrir l’autre sous un autre jour et de profiter pleinement de sensations jusqu’alors inexplorées.