Sommaire
Depuis toujours, les objets en forme de phallus ont existé et été utilisés comme substituts des sexes mâles, absents ou défaillants. Ils ont aussi dû être utilisés comme symboles de fécondité par les prêtresses des cultes les plus anciens
L’objet sexuel icône de tout temps.
Les Grecques connaissent les olisbos (objets en forme de phallus), simples ou doubles, de tailles très variées, qu’elles utilisent pour le culte ou pour leur plaisir privé. Dans un récit du III e siècle av. J-C, deux amies se vantent les qualités de tels objets fabriqués en cuir par un cordonnier traité de bienfaiteur : « les hommes n’atteignent pas cette rigidité […] Et la douceur ! Un rêve ! … D’envie, à les voir, les yeux me sortaient de la tête ! »
Au Moyen-Age, un théologien écrit que les filles, vers quatorze ans, « si elles ne sont pas pourvues d’un homme, imaginent l’acte sexuel et le pénis viril, et en arrivent à se frotter avec les doigts ou avec d’autres instruments, jusqu’à [l’orgasme]… : de cette façon, elles tempèrent leurs parties génitales et deviennent plus chastes ». Mais il y a déjà des esprits chagrins qui commencent à fulminer contre celles qui utilisent des « engins pour femmes ».
Le godemichet au travers des siècles
A la Renaissance, la mode de ces objets n’est pas passée : on les baptise « gaude mihi » (réjouis-moi), qui donnera « godemichés ». On en trouve partout, jusque dans les coffres des dames de la cour, si bien que Ronsard reprochera à Hélène, qu’il courtise en vain, de le repousser parce qu’elle préfère « sa main et son godemiché ».
A côté des modèles simples, à bouger à la main, existent des modèles à lacets que l’on s’attache au bas-ventre, et que l’on trouve dessinés sur les poteries grecques comme sur les estampes japonaises, utilisés par les Africaines comme par les Européennes. On raconte qu’un grand prince surprit deux dames de la Cour : « l’une en avait un gros entre les jambes, gentiment attaché avec de petites bandelettes à l’entour du corps : il semblait un membre naturel », et que ce prince les obligea à lui montrer comment elles s’y prenaient.
Et les hommes ?
Bien sûr, les vibrations de ces appareils, ou les pénétrations anales qu’ils permettent, intéressent aussi les hommes. Pour eux, comme substituts de la pénétration, on a inventé des « vagins artificiels », appareils en caoutchouc gonflables, reproduisant scrupuleusement le ventre et le haut des cuisses d’une femme dans le moindre détail, que la publicité vante sous le nom de « dame de voyage » pour les marins et tous les solitaires. La « femme du capitaine » est une poupée gonflable au corps complet, que l’on trouve dès le XIX e siècle.
L’avenir nous promet le sexe virtuel, dont les prototypes existent déjà. Grâce à une combinaison intégrale dotée d’attributs sexuels, et grâce à la programmation des caractéristiques d’un(e) partenaire idéal(e), notre corps ressentira toutes les sensations d’un vrai rapport, dans une jouissance que ne freineront ni la mauvaise volonté de l’autre, ni les faiblesses humaines de notre corps, ni les craintes de maladies ou de grossesses intempestives.
Mais dans l’absolu, profitons du temps présent et aimons nous sans crainte de donner ou recevoir ce fameux plaisir….