Photos, vidéos... Comment les smartphones font vibrer notre vie sexuelle | Désirs coquins

Photos, vidéos… Comment les smartphones font vibrer notre vie sexuelle

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Se filmer en train de faire l’amour, envoyer des photos ou des vidéos de soi nu: les écrans semblent aujourd’hui omniprésent dans le champ du sexe. Comment expliquer cet engouement pour l’amour connecté? Que nous apporte cette pratique et que révèle-t-elle de nous? Explications.

Photos, vidéos... Comment les smartphones font vibrer notre vie sexuelle | Désirs coquins« J’envoie régulièrement des photos de mes fesses ou de mes seins à peine recouverts d’un voile de dentelle à mon compagnon quand il est en déplacement. Il me répond qu’il a hâte de rentrer pour tout déchirer. On adore ça, cela nous excite à distance. » A 30 ans, Sabrina est loin d’être la seule à utiliser son téléphone portable pour envoyer des clichés et des vidéos érotiques.  

« Le téléphone s’impose aujourd’hui comme un support amoureux incontournable », commente Philippe Brenot, thérapeute de couple, auteur de Sex Story (éd. Les Arènes), première BD qui retrace l’histoire de la sexualité.

Prolongement de soi où l’on conserve précieusement -et parfois secrètement- sa vie privée, où l’on compile photos, messages et vidéos, le portable joue pour beaucoup le rôle de journal intime. Rien d’étonnant alors à ce qu’on l’utilise comme support de nos fantasmes et, parfois, témoin de nos ébats

« Se filmer, c’est devenir le metteur en scène de son plaisir »

De la photo dénudée à la vidéo érotique, les possibilités sont nombreuses. A 30 ans, Marion garde un souvenir très fort de la première fois qu’elle a fait l’amour face caméra. « Sur le moment, c’était très excitant. Au visionnage, c’était plus étrange. Je n’ai pas reconnu mon corps, il y avait une distanciation avec l’acte. Je n’ai regardé la vidéo qu’une fois. Mon ex, en revanche, l’a regardée régulièrement. C’était son trophée. Un cadeau sur le long terme. Finalement, se filmer, c’est devenir le metteur en scène de son plaisir. »

Et pour faire encore plus monter la température, Snapchat est devenu incontournable. Cette application permet d’envoyer des contenus éphémères, aussitôt vus, aussitôt disparus. De quoi apporter davantage de spontanéité à l’expéditeur tout en encourageant la réactivité de celui ou celle qui s’en délecte, légèrement frustré. 

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Le pouvoir de suggestion des émojis

Photos, vidéos... Comment les smartphones font vibrer notre vie sexuelle | Désirs coquinsMélanie, 31 ans, est une fervente utilisatrice de l’application. Elle y dévoile sans crainte ses parties intimes et ce dont elle a envie en guise de légende. Elle signe même d’une aubergine (l’émoji représentant le sexe de l’homme) « histoire de dire au destinataire que je l’attends avec impatience », commente-t-elle. Car oui, les émojis font désormais partie intégrante d’un langage sexuel imagé, oscillant entre humour et pudeur. Ou comment une image de pêche ou de banane dit beaucoup. Au point que la pêche (représentant les fesses) est devenue l’émoji qui caractérise Kim Kardashian sur l’appli. 

Emilie, de son côté, est plus excitée par les cabines d’essayage. Toutefois, si elle envoie des photos suggestives, rester un minimum vêtue la rassure. « A cause d’un ou d’une ex frustré(e), certaines personnes se retrouvent sur les réseaux sociaux, complètement nu. Cela peut détruire la vie de la personne concernée », se désole-t-elle. 

Car même sur Snapchat où les vidéos s’effacent, une simple capture d’écran, et voilà notre cliché sauvegardé dans le mobile du destinataire. Vous avez beau recevoir une notification sur l’appli, le mal est fait. Des astuces permettent même d’enregistrer une vidéo envoyée sans laisser de trace. Pour freiner les velléités de vengeance en ligne, le revenge porn est passible de deux ans de prison et de 60.000 euros d’amende depuis janvier 2016 en France. 

Flirter avec l’interdit

Malgré ses craintes, Emilie continue. L’excitation est plus forte que la peur. « Je repousse sans cesse les limites, confie-t-elle. Je flirte avec l’interdit. Paradoxalement, l’idée de trop montrer, de finir sur Internet ou d’être vue par les collègues de mon compagnon, m’émoustille. Je me sens effrontée et ça me plaît. » 

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« Une fois que la photo est partie, intervient Philippe Brenot, on connaît son parcours mais on ne le maîtrise pas. Cela n’empêche pas l’exhibition. Elle est même souvent encouragée par le danger. » A mesure que l’on envoie des photos de soi et que l’on en reçoit, le plaisir grimpe.  

Le plaisir de se mettre en scène

Photos, vidéos... Comment les smartphones font vibrer notre vie sexuelle | Désirs coquinsLaurent Karila, psychiatre et auteur de Votre sexualité vous appartient (éd. Flammarion), note que les échanges de photos érotiques sont souvent plus fréquents au début d’une relation, lorsque deux partenaires apprennent à se connaître. Ça ne veut pas dire pour autant qu’on éteigne ensuite son smartphone: « Faire chauffer son téléphone est un très bon outil pour des couples de plus longue date qui cherchent à se surprendre », poursuit l’expert. 

C’est le cas de Sabrina, notre adepte des échanges coquins, en couple depuis sept ans. « Grâce à une simple photo, je ne suis plus la compagne du quotidien mais je me transforme en personnage glamour », estime-t-elle. Mais avant de se muer en objet de fantasmes, ne cherche-t-on pas à se rassurer sur son pouvoir de séduction

Narcissisme ou échange?

Emilie l’admet, elle est la première excitée lorsqu’elle prend une photo érotique. « Observer mon corps mis en valeur par l’objectif stimule mon désir« , avoue-t-elle. Une façon de s’admirer? Oui, et tous les moyens sont bons. On ajuste la lumière, on choisit la meilleure pose et on filtre le tout. Autant d’arrangements qui font du bien à l’oeil et renforce l’ego.  

Le regard appréciateur de son conjoint sur son propre corps fait du bien, mais le pouvoir des écrans ne s’arrête pas là. Grâce à eux, on ose davantage, on dévoile ses fantasmes, on propose de nouvelles pratiques. Quand Laura, 32 ans, sort de son armoire un ensemble de lingerie, elle l’envoie d’abord en photo à son compagnon. « Au moins, je sais à l’avance s’il aime et si je le porterai ce soir ou pas », s’exclame-t-elle. 

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Un moyen d’aller plus loin

« Que l’on soit timide ou pas, le médium que représente l’écran permet de se lâcher davantage », note Laurent Karila. Ou comment révéler ses fantasmes, tout en restant caché derrière son téléphone.  

C’est aussi l’occasion d’introduire dans son couple de nouveaux accessoires érotiques. En plus de tester une ou plusieurs tenues sexy, Laura s’est déjà prise en photo avec des menottes, un cadeau de ses copines il y a quelques années, afin d’anticiper la réaction de son partenaire avant leurs retrouvailles.

Verbaliser son désir

Photos, vidéos... Comment les smartphones font vibrer notre vie sexuelle | Désirs coquinsDans son couple, Mélanie a longtemps mener la danse. C’est grâce aux photos et aux vidéos qu’elle est parvenue à dire à son compagnon qu’elle aimerait qu’il prenne un peu plus les choses en main, qu’il la domine davantage.

« Je voulais qu’il me surprenne. Je lui ai envoyé une photo très parlante assortie d’un court message. Le soir venu, je n’ai pas eu le temps de lui dire bonsoir qu’il m’avait déjà sauté dessus. Je n’aurais pas été capable de lui en parler en face à face. Je trouve que grâce à ces échanges, on se découvre davantage sexuellement, on ouvre le dialogue », se félicite Mélanie. L’écran désinhibe, même une fois jeté au pied du lit. 

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