Porno amateur : "Procurer du plaisir est notre moteur" | Désirs coquins

Porno amateur : « Procurer du plaisir est notre moteur »

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Matt et Anna, Lyonnais de 25 ans, se sont lancés il y a quatre ans dans le porno amateur. Confidences en coulisses.

Matt et moi, nous nous sommes connus à la maternelle. A l’adolescence, nous avons flirté chacun de notre côté avant de nous rendre à l’évidence: nous étions amoureux l’un de l’autre. Notre histoire a démarré au lycée. Le sexe n’a jamais été un tabou. Nous partagions nos fantasmes, nos désirs, nos impressions, comme deux amis qui grandissent et évoquent leurs découvertes. Au lit, cette proximité a pris une autre dimension. 

Cam et lieux insolites

Porno amateur : "Procurer du plaisir est notre moteur" | Désirs coquinsLe premier terrain sur lequel nous nous sommes aventurés est celui des lieux insolites pour faire l’amour. A seize ans, nous nous filmions avec nos portables dans des cabines d’essayage, dans les champs, dans une voiture. Nous faisions ces vidéos pour nous. Nous ressentions une excitation à braver l’interdit, à flirter avec l’exhibitionnisme. Le sexe était plus précipité. C’était un jeu excitant qui nous amenait à redoubler d’imagination. 

Nous attendions de pied ferme notre majorité afin de pouvoir nous inscrire sur une plateforme de cam – qui propose des shows en live -, et sur une plateforme de porno amateur. Nous prenions tellement de plaisir à élaborer des scènes entre nous que nous voulions partager nos créations. Nous percevons le sexe comme un art et nous avons envie d’en faire profiter les gens, de leur offrir des contenus originaux et esthétiques. Procurer du plaisir est notre moteur. 

« Ce n’est pas que du sexe, il y a tout un univers autour »

Aujourd’hui, nous faisons de la cam sur Eurolive. En parallèle, nous réalisons des films pornos amateurs pour Pornhub. La concurrence est rude. Grâce à la cam, nous gagnons entre 1000 et 2000 euros par mois. Tout dépend du nombre de personnes qui se connectent. Pour les attirer, il faut être innovant. Regarder un live est gratuit pour les spectateurs, que l’on nomme les viewers. Ils paient lorsqu’ils souhaitent nous lancer des défis : retirer un vêtement, faire une pratique sexuelle. Être guidés nous stimule. 

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Sur Pornhub, c’est plus compliqué. La plateforme rémunère comme YouTube : il faut que les gens cliquent sur nos vidéos. L’idéal est d’être mis en avant, mais Pornhub valorise essentiellement les vidéos aux pratiques soft et classiques. Nous n’entrons pas dans les cases, car nos vidéos revêtent une dimension artistique. Nous ne nous contentons pas de faire l’amour, nous construisons un univers autour. Nous produisons deux scènes pornos par semaine en moyenne pour Pornhub. Notre rémunération mensuelle avoisine les 600 euros, tandis que les couples qui soumettent des contenus plus « mainstream » peuvent gagner jusqu’à 15 000 euros.  

Des scènes filmées en mode selfie

Porno amateur : "Procurer du plaisir est notre moteur" | Désirs coquinsNous cherchons régulièrement de nouveaux lieux afin de proposer des décors qui sortent de l’ordinaire. Par exemple, nous faisons de l’urbex [exploration urbaine], c’est-à-dire que nous tournons dans des lieux abandonnés. Nous louons aussi des appartements sur AirBnB. Généralement, nous préparons les scènes, mais il nous arrive d’improviser. Récemment, nous avons décidé sur un coup de tête de nous filmer en train de faire l’amour dans les toilettes du TGV.  

Nous sommes attachés aux accessoires, nous pouvons choisir de nous filmer avec des perruques, de la fourrure, des cravaches et des tenues en latex. La musique tient aussi une place importance dans nos créations. Nous avons un faible pour les sons à suspense qui génèrent une tension. Ils entretiennent l’attente jusqu’à la relation sexuelle. La seule chose que l’on évite, ce sont les dialogues. Nous sommes déjà partis dans des fous rires. Ce n’est pas notre truc.  

Au départ, nous avons investi dans un appareil reflex pour produire des contenus de qualité. Mais il était trop volumineux pour ce que nous voulions faire et il ne reflétait pas forcément notre amateurisme revendiqué. Aujourd’hui, nous avons un appareil hybride, un bon compromis en termes de poids et de rendu. Nous le posons sur un trépied ou le tenons en selfie. Nous utilisons de plus en plus nos téléphones portables. Le résultat « fait maison » nous correspond.  

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« Nous nous laissons porter par notre plaisir »

Nous avons déjà été démarchés par Jacquie et Michel, ou encore Dorcel. Nous avons refusé. Nous avons besoin de notre liberté. Le porno mainstream, « à la papa », impose des scénarios et des pratiques. Nous avons besoin de raconter nos propres histoires, de choisir notre décor, nos accessoires, la musique de fond. Faire du porno conventionnel briderait notre créativité. Pour nous, le sexe ne se joue pas sur commande. Nous scénarisons peu nos vidéos car nous cherchons à rester naturels. Nous travaillons sur une idée de départ, puis nous nous laissons porter par notre plaisir.  

Nous évitons de trop couper afin de conserver un côté amateur. Notre objectif est de refléter un sexe vrai. Dans le porno, les acteurs sont dans la performance et le rapport sexuel peut durer des heures. C’est simulé et c’est même source de complexe pour les spectateurs, qui s’identifient. Nous tenons à retranscrire l’acte sexuel tel qu’il est. A l’écran, il dure dix minutes. Il n’y a pas longtemps, on a fait un quickie de cinq minutes, les gens ont adoré. 

Nous militons par la normalité du sexe et des corps. Et nous encourageons les gens à laisser libre court à leurs désirs. Il nous semble que beaucoup se refrènent. Nous discutons parfois avec des fétichistes qui n’assument pas de l’être. C’est dommage. Nous voulons montrer aux gens qu’ils sont normaux. Nous ne les incitons pas à dévoiler leurs préférences au grand jour, mais à les explorer dans l’intimité, pour ne pas passer à côté de leur plaisir. 

« Nous nous sommes fait surprendre par un ami du père de Matt »

Notre entourage est au courant. Mes parents, mais aussi ceux de Matt, me demandaient régulièrement où j’en étais professionnellement. J’étais lasse de botter en touche, j’ai fini par avouer. Mes parents sont ouverts et ont bien réagi. Seul compte mon épanouissement.  

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Porno amateur : "Procurer du plaisir est notre moteur" | Désirs coquinsDans la famille de Matt, ça a été plus difficile. Ses parents savaient que moi, je faisais de la cam, mais Matt ne leur disait pas qu’il m’accompagnait. Un jour, nous nous sommes fait surprendre sur Pornhub par un ami du père de Matt. Ce dernier n’accepte pas que son fils ait un job « hors du commun ». Il est assez traditionaliste. Depuis, nous évitons le sujet avec lui. Nous sommes très bien dans notre bulle. 

La plupart de nos amis nous posent beaucoup de questions et trouvent ça super. Certains se ferment totalement. Impossible de comprendre ce qui les choque ou les perturbe. Aujourd’hui, nous avons agrandi notre cercle amical. Beaucoup de nos amis sont des gens du milieu, à force de rencontres, d’échanges de conseils ou de soirées libertines. C’est agréable de pouvoir parler de boulot avec eux, même si nous ne discutons pas que de ça.  

« Notre vie intime est source d’inspiration »

Quand nous nous filmons, Matt craint parfois que le résultat ne corresponde pas à ce que nous avons imaginé. Ça peut être source de stress, mais généralement, nous finissons par oublier la caméra. Nous nous abandonnons au plaisir tout en jetant un oeil à l’objectif de temps à autre pour intégrer le spectateur à la scène.  Notre vie intime nous permet de relâcher la pression. Elle est également source d’inspiration. Nous prenons le temps de découvrir de nouvelles pratiques et d’explorer le BDSM. Nous avons besoin d’exister ensemble avant d’exister pour les autres. 

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